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Le royaume de Belgique doit reconnaître l’état de Palestine.

Carte blanche, le Soir Mercredi 30 août 2006
 
En avril 2006, le gouvernement Belge a pris la décision de suspendre les aides nationales et européennes à l'Autorité Palestinienne suite à l'investiture du nouveau gouvernement palestinien composé en majorité de ministres du Hamas. La justification de cette décision était le refus du Hamas de respecter trois critères dont l’un était la reconnaissance de l’état d’Israël[1]. L’existence de l’état hébreu est fondée sur la résolution 181 (1947) de l’Assemblée générale des Nations unies qui recommande le partage de la Palestine en deux états. La Belgique reconnaît l’état d’Israël depuis plus d’un demi siècle mais il faut malheureusement constater que ce n’est pas le cas pour la Palestine.
Il est donc surprenant que la Belgique exige du gouvernement palestinien qu’il reconnaisse l’état d’Israël, alors que la Palestine n’est reconnue ni par la Belgique ni par Israël. Situation ubuesque s’il en est.
Pourtant l'occasion de reconnaître la Palestine s’est présentée en novembre 1988, Yasser  Arafat a déclaré l'indépendance de la Palestine lors de la réunion du Conseil National Palestinien (CNP) d'Alger. Plus de nonante pays profitèrent de cette occasion pour reconnaître la Palestine[2], le gouvernement belge de l’époque n’a rien fait.
En mai 1999, Yasser Arafat voulait réaffirmer l’existence de l’État palestinien avec Jérusalem pour capitale par une proclamation en tant que président palestinien. Plutôt que de soutenir cette initiative l’Union européenne invitait l’Autorité palestinienne à y renoncer, arguant du fait qu’un tel acte perturberait gravement les élections israéliennes et que cela risquait de favoriser une réélection de monsieur Netanyahu. Celui-ci n’avait pas hésité, en tant que premier ministre,  à déclarer qu’il annexerait la Cisjordanie et une partie de Gaza si l’État palestinien était proclamé.
 
On pourrait supposer que si la Belgique n’a pas encore reconnu, la Palestine c’est que cette dernière ne répond pas aux conditions pour prétendre être un état, ou que cela nécessite l’aval de l’ONU. Il n’en n’est rien, la reconnaissance est un acte librement posé par un État souverain. L'état étranger doit pour sa part répondre à trois conditions : avoir un territoire, une population et un pouvoir étatique effectif. Personne ne nie actuellement le fait que la Palestine respecte ces trois exigences.
Pourtant des réticences à cette reconnaissance existent et se sont renforcées depuis l’élection du Hamas. Ceux qui considèrent ce parti comme terroriste et infréquentable estiment que reconnaître aujourd’hui la Palestine revient à soutenir les dirigeants du Hamas. Pourtant lorsque la Belgique reconnaît un état, elle ne prend pas position sur son gouvernement. La reconnaissance par la Belgique en 1996, de la République fédérale de Yougoslavie de Slobodan Milošević ou de la Corée du Nord de Kim Jong-il en 2001, en sont de bons exemples.
 
Parce que le colonialisme constitue un déni des droits fondamentaux et que les états colonisateurs n'ont eu de cesse d’invoquer de mauvais motifs pour continuer à occuper et annexer, l'Assemblée générale des nations unis dans sa  déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux  stipule que  « Le manque de préparation dans les domaines politique, économique ou social ou dans celui de l'enseignement ne doit jamais être pris comme prétexte pour retarder l'indépendance ».
 
Si le gouvernement Belge désire avoir une politique étrangère cohérente, respectueuse et juste, elle doit reconnaître immédiatement la Palestine et exiger d’Israël la reconnaissance de la Palestine, ainsi que la fin de la colonisation et l'annexion des territoires occupées. Sans quoi, les guerres et les massacres dans la région continueront à se succéder.
 
Ahmed MOUHSSIN – membre du Mouvement Citoyen Palestine
Août 2006


[1]           Le 27 juin 2006, le président palestinien Mahmoud Abbas, membre du Fatah, et le Premier ministre Ismaïl Haniyeh, membre du Hamas, sont parvenus à un large accord sur le "plan des détenus" dont l’un des point est l’intégration du Hamas au sein de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), dont la charte reconnaît Israël.
 
[2]           94 pays ont reconnu l'Etat de Palestine depuis sa proclamation par la réunion du Conseil National Palestinien (CNP) d'Alger de novembre 1988 dont l’ Algérie, l’Autriche, la Chine, la Hongrie, l’Inde, l’Indonésie, le Maroc, la Pologne, la Russie et la Turquie.